Portugal sud-ouest : pointer l’étrave jusqu’en Algarve

Publié par Manon le

Portugal sud-ouest :
pointer l’étrave jusqu’en Algarve

du 25 août au 15 septembre – 210 milles parcourus
À bord : Marion et Manon

• Escale technique et touristique à Lisbonne
Du 25 août au 1er septembre 2021

Après quelques jours salvateurs avec les copains au soleil de l’Algarve, entre randonnades et séances photos, sessions de sport et bombes dans la piscine, apéros et barbecue, plages de rêve et excursions en kayak, nous retrouvons Kannjawou à Lisbonne.

Nous restons quelques jours encore à la marina, partageant comme souvent notre temps entre taches du quotidien, petits travaux de maintenance et d’amélioration, tourisme dans le centre de Lisbonne et promenades le long du Tage.

Nous connaissons déjà la capitale portugaise, mais nous la retrouvons avec beaucoup de plaisir. Nous montons pour la 1re fois dans l’electrico 28, ce mythique tramway jaune bringuebalant qui fonce comme une flèche avec fracas dans les ruelles sinueuses et escarpées du centre-ville : une expérience mémorable ! Nous arpentons de long en large les pavés de l’Alfama, ce quartier hors du temps que nous aimons tant, où se niche l’âme des Lisboètes et où s’écoutent les meilleurs fadistas et fadistos. Nous ne dérogerons pas à la tradition, et passerons une soirée “saudade” à écouter certains d’entre eux en dînant et en sirotant un immense verre de vinho de la casa qui ne plaisante pas.

Ambiance complètement différente dans l’immense et très couru Mercado da Ribeira, où se dégustent des petits plats de chefs et de cuisine du monde entier sur de grandes tables en bois : nous goûtons la cuisine de la cheffe portugaise Marlene Vieira et concluons le repas par une sublime part de pavlova fruits rouges/mangue/passion, le dessert préféré de Manon, MIAM !

Un petit coucou au miradouro de Santa Luzia, à la statue de Pessoa, et à la praça do Comercio, avant de goûter aux pasteis de nata de Manteigaria – qui nous semblent bien être les meilleurs que nous ayons mangés, ils détrônent même les pasteis de Belem, c’est dire… Nous retournons d’ailleurs à Belem pour récupérer notre spi réparé et notre lazy bag avec une fermeture toute neuve (l’ancienne, bien que réparée par nos soins cet hiver, était à 2 fils de rendre l’âme) : nous pouvons enfin remonter le lazy-bag et la grand-voile sur la bôme, et ranger le spi dans son coffre, prêt à l’emploi.

Nous profitons enfin du quartier de la marina, découvert à la faveur d’une sortie footing / skate et de balades le long du fleuve. Construit pour accueillir l’exposition universelle de 1998 (en réhabilitant une zone industrielle sinistrée), le Parque das Naçoes (parc des nations) est un quartier moderne, où la nature, l’eau et l’art contemporain ont une place de choix, et attendent le promeneur dans tous les recoins. Bénéficiant de l’attrait de cette promenade le long du Tage, ainsi que de celui d’un grand centre commercial non loin de là, ce quartier d’habitations est très familial et agréable, même s’il lui manque un peu de l’âme des ruelles tortueuses de la vieille Lisbonne.

• Pause à Setubal
2 - 3 septembre 2021

C’est le 2 septembre que Kannjawou fait sa rentrée, après 10 jours de pause sur le Tage : nous quittons avec un pincement au cœur la douce Lisbonne, où il fait si bon vivre, pour rejoindre son arrière-pays. Direction la lagune de Setubal, à côté du parc naturel d’Arrabida. La navigation sera plaisante, au travers à bonne vitesse dans une brise agréable jusqu’au pied des grandes falaises d’Arrabida. Elle deviendra plus musclée sous l’effet des vents catabatique expédiés chaque après-midi, de façon assez spectaculaire, depuis le haut de ces mêmes falaises.

Prévenues, nous affalons la grand-voile dès que le vent forcit, et nous laissons porter sous génois seul par ces vents soutenus qui, même au grand largue, font parfois bien gîter Kannjawou.

Nous jetons l’ancre derrière la péninsule de Troia, longue bande de sable qui nous protégera de la houle et du vent. Le décor est assez improbable : d’un côté, une superbe plage de sable blanc, quasi déserte, bordée de jolis arbres, où vient jouer une superbe lumière le matin et le soir. De l’autre (mais plus loin), la baie industrialisée de Setubal, ses grues, ses usines et ses navettes de passagers au look de vaisseaux spatiaux verts, qui vont et viennent à longueur de journée.

Nous restons tranquillement au mouillage le lendemain, entre session de sport sur le pont, bronzette, boulot sur le blog, montage vidéo et une petite baignade-carénage (nettoyage sous la coque, en apnée) bien vite expédiée. Un petit mojito fraise maison pour l’apéro au coucher de soleil : on n’est pas trop mal ici, dites donc !

• De Setubal à Sines : attendre que vents du sud se passent
Du 4 au 7 septembre 2021

La navigation entre Setubal et Sines est de ces moments de grâce où tout fonctionne à merveille et en douceur à bord de Kannjawou : toutes voiles dehors au petit largue sur une mer quasi plate, avec un banc de dauphins pour nous saluer au départ, et un grand soleil tout le long… Quoi, on est déjà arrivées ?!

Eh oui ! Kannjawou pointe l’étrave dans la petite ville de Sines (prononcer « Sin’ch ») dans l’après-midi. Nous n’attendons pas grand-chose de cette bourgade qui n’a même pas un petit paragraphe dans le Routard Portugal, et qui semble être un port commercial / industriel assez fréquenté, vu le nombre impressionnant (au moins 6 !) de cargos qui mouillent au large en attendant d’y entrer. Pourtant, nous sommes agréablement surprises, à notre arrivée au port, d’y trouver une belle plage tranquille, et une petite ville blanche pas vilaine sur les hauteurs qui laisse même voir un petit château et une jolie église. Nous apprécierons, pendant notre séjour, les rues calmes, l’absence de touristes, le petit marché si bien achalandé et très peu cher, les bonnes pastelaria et la micro-brasserie Sacarabos qui surplombe le port, idéale pour un apéro-sunset.

La marina est bon marché (bien qu’un peu loin du centre) et a toutes les commodités nécessaires. Ça tombe bien, pour la 1re fois depuis que nous sommes au Portugal, du vent du sud est annoncé dans les prochains jours, apporté par une dépression passant sur Madère : nous ne pourrons pas descendre vers l’Algarve avant au moins 3 jours.

Sur les pontons visiteurs du port, beaucoup de voiliers de voyage attendent eux aussi que vents du sud se passent. Nous rencontrons plusieurs équipages qui seront bientôt, eux aussi, en partance pour les Canaries, comme Yann, Pauline et leurs 2 pitchounes Ondine et Violette à bord de Joséphine, ou Bénédicte et Jean, avec leur chienne Pastille, sur Mangata. La petite chienne setter anglais, ravie d’être au port, passe ses journées à courir sur les pontons, et vient plusieurs fois nous saluer jusqu’au bout du catway de Kannjawou. Jusqu’au moment où, surprise par Marion qui s’en va vider nos poubelles et vient de descendre sur le catway en même temps qu’elle, Pastille sursaute, se déséquilibre, et tombe à l’eau !
Ni une ni deux, Marion, inquiète, appelle : « Manon, le chien vient de tomber à l’eau ! »

Nous nous lançons dans une mission sauvetage de la petite chienne, qui nage (parfaitement) en se rapprochant du bateau de ses maîtres, cherchant vainement un moyen de remonter sur le catway, bien trop haut pour elle. Il n’y a pas de cale proche grâce à laquelle elle pourrait sortir, nous attendons donc qu’elle se rapproche du catway pour la saisir et la remonter sur la terre ferme, toute trempée et tremblante. Voilà qui nous permet de faire la connaissance de ses maîtres, et de découvrir leur bel Ovni de 40 pieds, qui nous paraît tellement spacieux par rapport à notre Kannjawou !

Nous mettons à profit cette pause « météo » pour partir en randonnée à la journée au départ de Vila Nova de Milfontes, un joli village de pêcheurs tout blanc situé à l’embouchure d’un fleuve, un peu plus au sud. Nous voilà parties le long de la « rota vicentina », chemin aménagé tout le long de la côte vicentine, jusqu’en Algarve. Nous longeons la côte pour 15 km, sous le cagnard, sur des chemins de sable mou : dur dur pour nos cuisses, on sent venir les courbatures aux fesses… D’autant que toute la 1re partie de la balade n’est pas particulièrement belle, puisque le chemin ne surplombe pas le littoral, nous laissant dans un paysage de dunes et de végétation sèche. Heureusement, à partir de mi-parcours, nous marchons sur les falaises le long de plages superbes, et découvrons les vraies beautés de la côte vicentine.

• De Sines à Sagres, nous voilà en Algarve !
8 - 9 septembre 2021

Le 8 septembre, alors que le vent est en train de finir de basculer du sud vers le nord, nous sommes les premières à quitter le port de Sines : ça suffit maintenant, il est temps d’aller en Algarve ! Le début de journée est, comme d’habitude, assez mou : vent faible et en plein dans le nez pendant toute la matinée. Nous pouvons hisser les voiles quelques heures dans l’après-midi, cap sur le mythique Saint-Vincent dans un vent léger…

Alors que nous nous lamentions de ne pas en avois vus de près depuis quelques temps, un banc d’une bonne dizaine de dauphins communs nous rejoint et nous régale d’un spectacle de haute voltige, jouant à l’étrave de Kannjawou, sautant dans les vagues, se poursuivant les uns les autres, se jetant dans l’eau encore et encore, sous nos éclats de rire et pour notre plus grand bonheur… Merci les amis !

Le vrombissement du moteur, puis le temps calme, nous incitent à mettre la ligne (et même 2 lignes !) à l’eau pour tromper l’ennui… Sans beaucoup de conviction, puisque toutes nos tentatives de pêche depuis notre arrivée en Espagne se sont soldées par des
échecs cuisants. Mais, en fin d’après-midi, alors que la « golden hour » approche, il se passe quelque chose sur une des 2 lignes, que nous voyons d’abord très tendue, puis tout d’un coup toute lâche, pendouillant au cul du bateau : « Mais qu’est-ce qui se passe ? On a un poisson ?! » En remontant la ligne, nous nous rendons compte que l’émerillon au milieu de la ligne a complètement lâché, sans doute sous l’effet d’une touche assez lourde, et que la 2e moitié de la ligne a donc complètement disparu ! Dépitées, nous remballons donc cette ligne, en gardant espoir que cette 1re touche est de bon augure pour la suite : on dirait qu’il y a du poisson dans le coin !

Et effectivement, quelques minutes plus tard, c’est l’autre ligne (plus costaud) qui nous fait signe : il y a du monde au bout ! Branle-bas de combat à bord de Kannjawou, où nous ne sommes pas habituées à pêcher : pendant que Marion remonte petit à petit la ligne à bord, Manon sort la vodka bon marché « spéciale poissons » (pour étourdir la bête), le seau, la planche à découper et le couteau à poisson. « Mais c’est une bonite !!! » s’exclame Manon en apercevant la bête dodue qui se trouve au bout de l’hameçon. Un joli petit thon aux rayures bleu-gris bien distinctes sur le ventre.

Le moment de la mise à mort, comme toujours, est délicat pour nos petits cœurs amoureux des bêtes… La levée des filets n’est pas évidente non plus, car nous n’avons jamais dépecé de poissons pélagiques, mais le coup de main va venir ! Une fois les filets bien au frais dans le frigo (nous la savourerons cuisinée « à la tahitienne », puis simplement en sashimis accompagnés de riz le lendemain midi), et le cockpit nettoyé du sang de la bête, il est temps de porter à nouveau notre regard sur l’horizon : nous approchons du cap Saint-Vincent, tout au sud du Portugal, pile-poil pour le coucher de soleil…

Un passage symbolique pour Kannjawou, qui arrive tout au sud du continent européen, et pour nous, qui avons visité l’Algarve par la terre en 2018, alors que nous venions juste d’acheter le bateau en Bretagne !

Nous allons jeter l’ancre sur la magnifique plage de Beliche, aux eaux turquoise, encadrée de grandes falaises jaune ocre… Que nous connaissons bien car nous y avons surfé lors de notre 1er séjour en Algarve ! Et effectivement, même si le mouillage est très bien abrité du vent, une bonne houle entre dans la baie et arrive sur le côté de Kannjawou pour le secouer gaiement (et nous avec) pendant toute la nuit… La nuit est donc agitée, et la vie à bord le lendemain devient un jeu d’équilibriste, ce qui nous invite à un farniente forcé mais bienvenu après une bonne séance de nage dans les eaux claires et poissonneuses. Marion ne peut pas résister à sortir le mini longboard de sa housse pour aller prendre quelques vagues sur le spot depuis le bateau, le rêve pour une surfeuse-navigatrice !

Nous levons l’ancre après le déjeuner pour trouver un coin plus calme pour la nuit. Quelques milles plus loin, nous nous abritons de la houle au pied de la forteresse de Sagres : le bateau ne bouge plus d’un pouce, quel bonheur ! Après une petite excursion à terre en paddle, Manon mitonne un bon couscous maison poulet-légumes-chorizo, un vrai régal avant une parfaite nuit de sommeil.

• Hors du temps dans la ria d’Alvor
Du 10 au 11 septembre 2021

Prochaine étape de nos navigations par sauts de puce en Algarve : la ria d’Alvor, réputée parmi les marins pour être un excellent abri (en plus d’un joli coin et d’un super spot de kitesurf). Petite navigation d’une vingtaine de milles sous le soleil, durant laquelle nous découvrons l’incroyable côte ciselée couleur ocre de la « Ponta da piedade » par la mer, et faisons la course avec un voilier anglais… qui aura l’idée déplacée d’allumer son moteur alors que nous traversons une zone sans vent ! Le tricheur ! De toute façon, Kannjawou gagnera la régate haut la main !

À peine arrivées, nous sautons dans l’annexe pour aller traverser la ria à la force de notre vaillant petit moteur Yamaha 2 chevaux qui se montre exemplaire, même face au vent et au courant. Nous choisissons une petite plage privée (un banc de sable désert) pour une baignade rafraîchissante, puis allons accoster dans le village d’Alvor… qui, malgré une petite église coquette, ne nous séduit pas vraiment, avec ses centaines de restaurants à touristes pas du tout authentiques, et ses nombreux touristes anglais.

Le lendemain, nous profitons de la vie au mouillage dans la ria, calme comme un miroir le matin, un peu plus agitée l’après-midi quand le vent portugais se lève. Après un petit déjeuner de luxe aux œufs et bacon, notre tentative de pêche à pied sur les bancs de sable est un échec : apparemment, ce n’est plus la saison des coques, et nous aurions plutôt dû nous munir de sel pour aller à la pêche aux couteaux… Tant pis, pas de spaghettis alle vongole pour nous ce soir…

 

En rentrant de la « pêche », nous parachevons notre technique de douche à l’eau de mer et rinçage à la douche solaire sur le pont : au poil quand le soleil brille, et au top pour économiser de l’eau douce au mouillage.

 

L’après-midi est consacré à une petite balade en paddle, un rapide nettoyage de la partie émergée de la coque (pas très concluant) et un petit vol de drone au-dessus de la lagune, puisqu’il y a peu de vent (pour une fois !) : nous commençons à nous familiariser avec le pilotage, mais l’atterrissage sur le bateau est toujours un grand stress pour nous…

• Portimaõ : dire aurevoir au vieux continent…
Du 12 au 15 septembre 2021

Le lendemain, après avoir goûté une dernière fois au calme plat du matin dans la ria, nous levons l’ancre, direction le port de Portimaõ. Le temps doit tourner à l’orage pour les 3 jours à venir… et nous prévoyons de quitter le vieux continent à la fin de cet épisode orageux, car une belle fenêtre météo se dessine pour mettre les voiles pour les Canaries ! Au programme, 650 milles nautiques plein sud, et environ 5 jours et 5 nuits en mer… notre plus grande traversée jusqu’à présent, qui demande donc un peu de préparation !

Ces journées à quai, à la marina de Portimaõ qui nous accueille aux petits oignons, sont donc bien chargées : grand nettoyage intérieur et extérieur du bateau, vérification des différents systèmes (accastillage, voiles, électricité, moteur…), optimisation des rangements pour mieux caler certaines choses qui s’étaient un peu promenées pendant la traversée du Gascogne, petits bricolages sur les cordages et l’accastillage, configuration de l’Iridium Go, grosse lessive, mais aussi mise au point des menus pour la traversée, grosses courses et préparation de plats à l’avance pour les 1ers repas (une bonne brandade potimarron-cabillaud et un fondant au chocolat)…

Nous ne délaissons pas complètement les environs et faisons une petite visite au musée de Portimaõ, à la muséographie toute récente et fort bien construite (bien que certains espaces soient fermés à cause de la situation sanitaire). Nous étions déjà passées dans la ville 3 ans plus tôt, et nous apprécions cette petite ville de pêcheurs vivante et peu touristique, où nous nous imprégnons des habitudes portugaises, entre petit dej’ dans un charmant café-pâtisserie, razzia de produits frais dans l’extraordinaire marché couvert et cuisine de notre premier “pulpo a la gallega” à bord ! 

Un dernier dîner portugais dans un resto populaire en centre-ville (sangria blanche / sardines grillées / feijoada de la mer / patates), un dernier check météo, un dernier rangement… et nous sommes parées ! Ça y est, Kannjawou, tu nous amènes dans les îles ?!


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