Grand départ : top à la vachette !

Publié par Manon le

Grand départ : top à la vachette !

Ça y est, nous sommes parties. Le 17 juillet au soir, 3 mois exactement après notre départ de Paris, nous avons quitté les pontons et les visages familiers du port de Plouër-sur-Rance où nous avons eu le privilège d’établir les quartiers de Kannjawou ces derniers mois. 

Tout n’était pas finalisé, tout n’était pas rangé, dans le bateau comme dans nos têtes, mais nous avions fait l’essentiel pour pouvoir larguer les amarres avec les vents favorables annoncés. En quelques jours, il a fallu faire rentrer deux vies entières dans 20 m2 et trier ce que nous acceptions de laisser à terre : ce fut un vrai marathon.

La plupart des objets embarqués sont utiles et ont une fonction bien précise ; pas de superflu à bord, surtout dans un bateau déjà bien chargé. Pourtant la tentation est grande d’emporter avec nous de petites choses, trois fois rien, qui nous rappellent un proche ou un souvenir bien précis, comme un grigri qui nous ouvrirait la route. Ces objets sont souvent chers à nos cœurs car, au-delà de leur beauté ou de leur fonction, ils sont la mémoire vivante d’un souvenir ou d’une personne. N’allez pas imaginer que nous avons rempli nos soutes d’albums photos, de statuettes, de bibelots ou que sais-je. Mais si vous avez l’occasion de venir à bord, vous tomberez forcément sur ces objets-souvenirs : la cuillère magique d’Hélène, la sardine décapsuleur d’Elise, la boîte à biscuits en forme de van de Jordan et Florine, les charlottes à aliments de Manu et Simon, le tableau « surf » à l’encre de chine de Fanny et bien sûr des livres donnés ou dédicacés par nos proches. Aujourd’hui, tous ces souvenirs flottent dans Kannja’ et font de lui un véritable foyer.

C’est un sentiment partagé que d’arriver enfin à l’heure tant attendue du départ. Il y a la satisfaction d’avoir transformé un projet en un périple concret, la joie annonciatrice des mille plaisirs que nous ne manquerons pas de rencontrer sur le chemin, et puis la peine de quitter ceux qu’on aime, les amis et la famille, leur dire entre deux chips – ou entre deux envois de palets breton – combien on tient à eux et combien on remercie ceux qui nous ont aidé dans cette aventure, par un sourire, un hochement de tête entendu ou bien en donnant de leur temps libre sur Kannja’.

Juste avant de larguer les amarres, il y a eu un moment suspendu, un pas en arrière, une bouffé d’air en suspens : et si ce rêve pour lequel nous avons tant donné était finalement démesuré, hors de portée, trop grand pour nous ? Heureusement, 19 h a sonné, il fallait partir ou rester à jamais. 

On est parties bien crevées et le cœur lourd d’émotions, sans vraiment parvenir à démêler tout ce fouillis. La Rance était si belle ce soir-là : ses versants vert tendre plongeant dans l’eau d’un bleu profond, St-Suliac, Le Minihic, la Richardais que nous avons salué d’un hochement de tête entendu. Pour la beauté du cadre et le symbole, nous prenons un coffre à la Passagère, petit havre de paix où j’ai grandi.

Le lendemain matin, direction l’écluse où Manon fait retentir sa corne de brume, on fait de grands signes aux tantes, aux oncles, aux cousins-cousines venus pour l’occasion, on s’adresse des sourires un peu tendus, le stress est monté d’un cran ! Lorsque le pont se lève et que nous déhalons Kannja’ de la paroi de l’écluse, c’est le grand bain qui commence. On agite nos bras jusqu’à ce que les visages familiers aient disparu. Respiration. Certains disent qu’on ne sera plus les mêmes quand nous franchirons de nouveau cette écluse en sens inverse. 

Nous savons que les mille avalés, les rencontres de pontons et les missions quotidiennes à bord vont nous permettre de rentrer peu à peu dans le voyage. Nous profitons encore quelques jours de notre belle Bretagne pour nous rôder et régler un problème sur la VHF et le réservoir d’eau avant de plonger plein sud vers l’Espagne ! Arriba ! 


0 commentaire

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.