2 heures plus tard, Manon s’apprête elle aussi à aller se coucher enfin, mais un bruit inhabituel de l’échappement du moteur l’interpelle. En se penchant machinalement vers l’arrière bâbord du bateau, pour vérifier (comme nous le faisons très régulièrement) que l’échappement « crache bien » de l’eau de mer et que le moteur est donc bien refroidi, elle remarque tout de suite que quelque chose ne va pas : très peu d’eau s’échappe du passe-coque, et de la fumée apparaît…
Branle-bas de combat ! Marion réveillée aussitôt, nous éteignons le moteur sans attendre, et nous rendons vite compte de la cause du problème : la vis qui maintient l’alternateur en place s’est cassée net, l’alternateur a continué à tourner en étant désaxé et a ainsi frotté contre un tuyau d’alimentation de la pompe à eau de mer, jusqu’à le percer. Nous savons que nous pourrions tout à fait entreprendre la réparation nous-mêmes : nous avons en stock une vis identique à celle qui a cassé, et nous pouvons colmater le tuyau avec du scotch autovulcanisant. Avant tout ça, il faudra sortir l’extrémité de l’ancienne vis de son logement, où elle se trouve toujours, et démonter partiellement l’alternateur.
Le problème, c’est que nous sommes tout près des côtes, et que le vent est définitivement mort : nous n’avons pas le temps de nous atteler à cette réparation, à moins de risquer de nous échouer sur les (si beaux) rochers de la côte galicienne…
Rapidement, nous prenons donc la décision de demander assistance et lançons notre premier « pan pan » (appel d’urgence) à la VHF, de nuit et en anglais s’il vous plaît ! Par chance, le port le plus proche abrite un canot des sauveteurs en mer espagnols (Sociedad de Salvamento y Seguridad Maritima), et une équipe rapplique aussitôt pour nous remorquer. 45 minutes après notre 1er appel, les voilà sur place. Nous nous lançons, très bien guidées par les sauveteurs, dans la manœuvre de remorquage : après avoir frappé une patte d’oie reliée à un énorme bout sur les 2 taquets avant de Kannjawou, nous voilà partis pour un remorquage à 8 nœuds dans la houle… On appréhende un peu au départ, puis on se laisse porter : nous sommes entre de bonnes mains. La nuit est très étoilée, et Aude n’arrête pas de voir passer des étoiles filantes… On y voit un bon présage… 30 minutes plus tard, un peu avant 3 heures du matin, l’énorme canot « Salvamar Altaïr » nous dépose avec douceur le long d’un quai, au port de Camariñas, après une manœuvre impeccable : ouf, nous voilà tirées d’affaire !
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