La Palma, mas que bonita : comme un air de grandes vacances

Publié par Manon le

La Palma, mas que bonita :
comme un air de grandes vacances

Du 23 juillet au 9 août 2022 – 135 milles parcourus
À bord : Marion et Manon

Après 9 mois à Santa Cruz de Tenerife et ses environs, de nombreux décalages de notre départ et 2 faux départs, nous quittons la marina Santa Cruz le 23 juillet 2022 sous l’œil et la caméra de Michelle et Patrice, nos supers amis du Gib Sea 105 Brandewyn. Nous espérons les recroiser bientôt, sur les rivages canariens ou dans les eaux cap-verdiennes dont ils rêvent depuis longtemps.

Nous avons bien fait d’attendre 1 semaine que le temps se calme : nous ne sommes pas embêtées par les vents catabatiques qui soufflent quasi constamment en temps normal au niveau de la plage de Las Teresitas. Le passage de la pointe nord est un peu plus corsé, avec une houle très brouillonne (c’est le bouillon, comme on dit !!) et un vent de face qui s’accélère nettement à la pointe, avant de réduire petit à petit au fur et à mesure que nous bifurquons vers l’ouest. Nous pouvons bientôt ouvrir les voiles et même tangonner le génois, qui tient mal dans la houle désordonnée. Alors que nous manœuvrons pour établir le tangon, nous sommes rejointes par un grand banc de dauphins tachetés de l’Atlantique accompagnés d’une nuée d’oiseaux de mer, puffins, fous de bassan et mouettes. Des moments toujours magiques ! Ces eaux où convergent vents et courants dans un joyeux bazar doivent être très poissonneuses…

Mais à bord, l’humeur n’est pas à la pêche : Marion revient d’établir le génois avec le teint livide. Les mois passés à terre et au port conjugués à nos bords de près un peu plus tôt et à la houle bordélique nous entraînent irrésistiblement dans les abîmes du mal de mer… Au bout de 3h à glisser raisonnablement sous génois tangonné, le vent tombe et nous subissons la houle qui fait claquer les voiles. Nous ne sommes pas en grande forme, surtout Marion et, vu la météo qui prévoit que le vent se relève au matin, nous choisissons de nous dérouter vers le port de Garachico, sur la côte nord-ouest de Tenerife, plutôt que de passer une nuit au moteur. Nous y parvenons juste avant le coucher de soleil, après un bon coup de stress pour passer l’entrée très étroite et périlleuse de ce petit port.
Une douche chaude, une soupe, une bonne nuit bien à l’abri et nous décollons à nouveau aux aurores le lendemain. La Palma, tu nous échappes encore, mais cette fois on va y arriver !!

Et nous ne regrettons pas notre arrêt d’une nuit : après 2 heures au moteur dans le dévent de la pointe de Tenerife, Kannjawou sort ses voiles et glisse au travers avec délice dans une bonne brise, tout droit jusqu’à Santa Cruz de la Palma. Au départ de Garachico, nous croisons un nouveau banc de dauphins, cette fois des grands dauphins, qui nous accompagnent et jouent un long moment dans l’étrave de Kannja. Manon, partie à la proue les admirer, vit un moment suspendu quand un dauphin, qui se maintient toujours à la même distance de l’étrave avec une facilité déconcertante, passe un long moment à la regarder sans la quitter de son œil tourné vers elle, comme s’il cherchait à lui envoyer un message, ou à lire dans son âme… Une conversation muette qu’elle n’oubliera jamais et qui reviendra parfois la hanter : « Et s’il avait voulu me dire quelque chose d’important, et que je n’avais pas compris ? »

Dans l'oeil du dauphin...
Santa Cruz de La Palma se dévoile dans la brume

Malgré une manœuvre un peu confuse à l’arrivée sur le ponton d’accueil (du fait d’une drôle de manip’ du marinero), nous établissons nos quartiers sans encombre sur le ponton des petits bateaux de la marina de Santa Cruz, ravies : de Santa Cruz (de Tenerife) à Santa Cruz (de la Palma), il n’y a qu’un pas, et nous avons tout de même mis 2 jours à le faire ! Une bonne sangria pour fêter ça, sur le front de mer de l’adorable capitale de l’île, que nous aimons dès le premier coup d’œil. Les vacances peuvent commencer, isla bonita nous voilà !

La Palma (surnommée « isla bonita » par tous les Canariens) est donc l’île la plus au nord-ouest de l’archipel. La plus verte de toutes, elle est très préservée du tourisme, moins peuplée que les autres grandes îles, et fait état d’une grande variété de paysages. Très étroite (largeur maximale de 24 km), ses sommets culminent pourtant à près de 2 500 m d’altitude : l’île est donc extrêmement escarpée (c’est la 2e plus haute des Canaries, après Tenerife avec le Teide) et la moindre sortie en voiture est un véritable rallye de montagne.
Depuis 2002, l’ensemble de l’île a été décrété « Réserve de la biosphère » par l’Unesco. Le parc national de la caldeira de Taburiente situé en son centre est particulièrement remarquable.

Son ciel nocturne est également une réserve : il est considéré comme un des plus purs du monde avec en moyenne 300 ciels limpides par an et une pollution lumineuse très limitée et très contrôlée. La position de l’île au milieu de l’Océan Atlantique et son climat particulier provoquent une formation de nuages entre mille et deux mille mètres d’altitudes. Ces facteurs naturels font que les nuages créent un miroir naturel et empêchent que la pollution lumineuse des villes côtières ne nuisent à l’observation des étoiles depuis les sommets de l’île. Ainsi, de nombreux observatoires astronomiques ont été construits par différentes nations dans les montagnes, et La Palma est souvent surnommée « l’île aux étoiles ».
De multiples aires d’observation en plein air, avec carte du ciel et indications pratiques, sont aménagées partout sur l’île, accessibles à qui veut : même après nos observations exceptionnelles du ciel étoilé sans aucune pollution lumineuse en pleine mer, nous savourons cette vue avec la sensation d’être privilégiées…

Bien sûr, La Palma est aussi connue chez nous depuis fin 2021 pour l’éruption du volcan Cumbre Vieja dans le sud de l’île, qui a commencé alors que nous nous trouvions en traversée entre le Portugal et les Canaries fin septembre 2021, et s’est achevée en décembre. Elle a détruit quasiment 3 000 bâtiments et entraîné l’évacuation d’environ 7 000 personnes. La coulée encore fraîche est bien sûr visible sur l’île (et spectaculaire). Mais nous découvrons que l’activité volcanique récente est ici très riche, puisque la précédente éruption ne datait que de 1971, et celle d’avant des années 50.

Nous louons une voiture pour une semaine, dont nous mettons chaque jour à profit pour explorer l’île. Nous vous proposons ici, pour changer, un petit portfolio légendé des nombreuses beautés si variées et si riches de La Palma.

Un p'tit tour au marché de Santa Cruz...
... le temps de siroter un jus de canne frais !
La traditionnelle baignade du soir à Santa Cruz...
... et la vue depuis nos serviettes !
Nous ne nous lassons pas d’observer les différents stades de développement de la banane, dans les innombrables plantations de bananiers qui recouvrent l’île.
Après-midi snorkelling incroyable, puis dîner face au coucher de soleil sur la plage de La Zamora
Baignade à l’abri des vagues dans les piscines naturelles du Charco Azul
Village de Tazacorte
Descendre à la pointe sud de l’île, jusqu’aux salines de Fuencaliente, par la superbe ruta de los volcanes
Exploration du parc national de la Caldeira de Taburiente, d'abord par les crêtes en son sommet. Observez les nuages typiques d'alizés qui passent par-dessus les montagnes à gauche !
Exploration du parc national de la caldeira de Taburiente, cette fois en suivant la rivière qui coule tout au fond...
En route pour l'adorable petit musée du Gofio (moulin à vent à Gofio à l'horizon)
Versants peuplés de pins des Canaries en descendant du point culminant de l'île
Vue du sémaphore de Izcagua
Le merveilleux petit marché de producteurs ultra-locaux de Puntagorda : une pépite !
L'incroyable prois de Candelaria, isolé de tout, avec ses maisons construites directement dans la falaise
Playa de Nogales
Los Llanos de Aridane, 2e plus grosse ville de l'île
Village de Tirajafe

Bien sûr, vous commencez à connaître la chanson, toutes ces découvertes sont entrecoupées d’un certain nombre de petits travaux, bricolages et opérations de maintenance et d’améliorations de la to-do list, mais aussi des habituelles tâches du quotidien en bateau : avitaillement, plein de gazole, rinçage de pont (la poussière noire de Santa Cruz de Tenerife !), nettoyages, lessives…

À La Palma, nous faisons aussi la connaissance de Yuna et Florian du Brise de mer 31 Farsadennec, déjà aperçus à 2 reprises au mouillage et au port à Santa Cruz de Tenerife, ainsi que d’Anne et Xavier du voilier Mojito, un 45 pieds en alu aux courbes généreuses. Nous partageons avec eux notre lente manière de voyager et notre penchant à nous attarder dans les lieux qui nous plaisent : eux aussi se trouvent aux Canaries depuis plusieurs mois, et nous avons des programmes similaires pour la suite de l’itinéraire.

Nous passons 2 soirées à nous dandiner joyeusement ensemble, une 1re fois au son d’un concert de sosies des Beatles dans la ville de Los Llanos de Aridane (voir la vidéo ci-dessous : cliquer dessus pour la lancer), et la 2e fois à l’occasion de la fête du Jour du corsaire, qui célèbre la défaite d’un corsaire français ayant débarqué sur l’île avant d’être mis en échec par les habitants. Puis nous partageons un apéro prolongé à bord de Kannjawou 2 jours avant notre départ de La Palma, en nous promettant que nous nous reverrons.

Nous quittons l’île le 10 août, car nous voulons aller passer quelques jours au fameux mouillage de Valle Gran Rey, sur l’île de La Gomera, avant de retrouver nos amis Rose et Arnaud à Tenerife. La Palma, l’île en forme de cœur, gardera toujours une place spéciale dans le nôtre : s’il fallait en choisir une parmi les Canaries, que nous avons toutes pris le temps d’aimer, la isla bonita serait sans doute notre préférée…


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