De Mindelo à Santo Antão, chants des rues et calme des sommets

Publié par Manon le

De Mindelo à Santo Antão,
chants des rues et calme des sommets

Du 7 décembre 2022 au 10 janvier 2023 – 30 milles parcourus
À bord : Marion et Manon, puis Violine et Benoît

Le 6 décembre 2022, nous levons l’ancre un peu avant l’aurore de notre mouillage – rouleur mais idyllique – à Santa Luzia : nous n’avons qu’une trentaine de milles à faire mais il nous faut cette fois nous coordonner avec le courant, qui n’attend pas !

Nos calculs sont exacts et nous fonçons à toute vitesse dans le canal entre Santa Luzia et São Vicente, réputé pour être parfois redoutable. Aujourd’hui la houle est assez courte et nous sommes parfois éclaboussées, mais les conditions restent maniables et Kannjawou file joliment au près en quelques bords entre les îles. Une fois viré le nord de São Vicente, la fin du trajet se passe au portant, dans un vent mollissant de plus en plus. On n’avance pas bien vite, mais pour une fois on n’est pas pressées, on est sûres d’arriver avant la nuit… mais peut-être pas tout à fait avant midi !

Le phare de l'île de Ilhéu dos Pássaros et son impressionnant escalier blanc, à l'entrée de la baie de Mindelo

Nous sommes contentes de retrouver le confort, la sécurité et les facilités pratiques de la vie en marina, après plus d’un mois passé en traversée puis au mouillage, dans la poussière et les vents du Cap-Vert. Mais nous sommes aussi inquiètes de l’arrivée dans ce port à pendilles, que nous savons bien rempli à cette période de l’année. 

Et effectivement, on nous attribue à notre arrivée une place dans la toute première rangée de la marina, en travers du vent, qui nécessite une manœuvre d’accès pour le moins périlleuse. Nous devons nous glisser en marche arrière entre 2 bouées puis entre 2 bateaux, glisser nos amarres avant dans notre bouée puis reculer jusqu’au quai pour s’y amarrer sans se faire décaler sur nos voisins. Heureusement, nous sommes assistées d’une équipe de marineiros, sur l’eau et sur le quai. Après plusieurs péripéties un peu tendues (amarres avant trop courtes, marche arrière à renégocier, rapprochement un peu trop serré des bateaux voisins…) et avec l’aide de pas mal de paires de bras, nous voilà enfin amarrées. Sur ce ponton flottant très instable et souvent très mouvementé, il nous faudra plusieurs jours pour trouver une bonne configuration pour sécuriser les amarres contre toute forme de ragage, et nous positionner à bonne distance du quai (pas trop près pour ne pas trop s’en rapprocher quand le vent souffle fort de face, pas trop loin pour réussir tout de même à descendre du bateau sans trop d’acrobaties).

Nous prenons nos quartiers dans la seule marina du Cap-Vert pour un mois, jusqu’au départ de la transat’. Nous avons hâte de découvrir la ville de Cesaria Evora et de prendre le temps de nous imprégner de son ambiance au quotidien, comme nous aimons le faire depuis le début du voyage. 

• Mindelo la vibrante, Mindelo la dansante : fêter la fin d’année dans la ville de Cesaria Evora

Nous passons donc un mois à arpenter les rues pavées colorées de Mindelo, sa belle baie remplie d’esquifs en tous genres, sa superbe plage de sable blanc aux eaux turquoise en pleine ville, ses nombreux cafés et restaurants délicieux, ses soirées pleines de musiques et de danses, ses marchés bien garnis. Nous adorons ses stands de grillades en pleine rue, ses marchands ambulants qui revendent de petites quantités de quelques produits choisis (herbes fraîches, poissons, légumes…), ses barques de pêcheurs colorées, ses aluguers à l’organisation bien huilée, ses chiens (pas si) errants qui coulent des jours heureux en harmonie avec l’homme.

La belle plage de la Laginha, en plein coeur de Mindelo
Couleurs et étals du marché central

– Les soirées mindeloises : musique, danses, régalade bon marché et grog à gogo

Les soirées du restaurant de l’Institut français : un joli patio, de bons petits plats, de la musique et des danses tous les soirs… C’est ici que nous goûterons enfin pour la première fois le plat national cap-verdien : la cachupa ! Il s’agit d’un ragoût de haricots blancs et de maïs, auxquels peuvent être ajoutés des patates douces, des pois chiches, des choux verts, de la viande (porc, chèvre, poulet…), des tranches de chorizo et parfois aussi du poisson (on l’appelle alors « cachupa rica »). Sa préparation demande de longues heures de trempage (des haricots, pois et fèves) puis de mijotage à feu doux, qui lui donne toutes ses saveurs. On la cuisine donc en général en grandes quantités, et les restes sont ensuite consommés le matin. Oui, oui le matin ! 

Pour un petit déjeuner typiquement cap-verdien qui tient bien au corps, prenez donc vos restes de cachupa, et faites-les revenir à la poêle jusqu’à ce qu’ils grillent légèrement : on obtient une cachupa « sèche », servie surmontée d’un ou deux œufs au plat et de quelques tranches de saucisse.

Cachupa "rica" classique
Cachupa "sèche" avec oeufs et saucisse pour un super petit dej' au Cafe Verde

Le Colombinho, THE place to be pour goûter une ambiance typiquement mindeloise : les chanteurs et les amateurs de musique du public se succèdent au micro tout naturellement, ça danse sans complexe, ça mange des beignets de poisson en buvant du grog ou du gin, tout en poignassant les (heureux) chiens des rues qui ont intelligemment élu domicile ici. Nous rencontrons ici le chien du Cap-Vert qui aura toujours la 1re place dans notre cœur, une chienne dodue, nourrie généreusement aux beignets de poisson, toujours partante pour se faire caresser, que nous surnommerons « la grande doufette ».

Quelle n’est pas notre joie, en arrivant à Mindelo, de voir de grandes affiches annonçant un concert de Mayra Andrade programmé sur la plage de Mindelo quelques jours avant Noël ! Artiste cap-verdienne connue à l’international, souvent surnommée la nouvelle Cesaria Evora, nous écoutons sa musique avec plaisir depuis de nombreuses années. Elle est originaire de l’île de Santiago au sud du Cap-Vert, mais nous savons qu’elle vit en France alors nous avons de la chance d’être là pour un de ses concerts « au pays ». Une sacrée ambiance et une sacrée bête de scène, même enceinte !

– Passer les fêtes de fin d’année au soleil

Pour notre premier Noël loin de nos familles, le Cap-Vert est une destination de choix. Dans ce pays catholique, nous retrouvons la ferveur festive de chez nous, même si les guirlandes lumineuses ornent des palmiers plutôt que des sapins, que les notes chaudes et colorées des tubes de Noël cap-verdiens de la clarinette de Luis Morais qui résonnent partout remplacent les trémolos de Tino Rossi. Quelques jours avant le jour J, d’immenses files d’attente se forment devant les banques : chacun va dépenser plus que de coutume pour offrir des présents et des festins à sa famille. Dans les petits supermarchés, aux marchés, devant les barbiers et les coiffeurs, on se presse aussi pour être fin prêts. 

Et puis, partout, on rentre chez soi, retrouver les siens dans le village d’à côté ou sur une autre île de l’archipel : les pêcheurs abandonnent leurs barques gagne-pain pour au moins une semaine, les mamas du marché africain s’absentent les 24 et 25, les aluguers s’accordent au moins une journée de repos. Comme si ici, on pouvait se donner le droit de célébrer, sans se sentir obligé de se mettre au service des autres pour une fois, même si on y perd un peu d’argent.

Alors nous nous adaptons en gardant nos repères : un bon repas avec ce qu’on a transporté et conservé précieusement depuis l’Europe pour l’occasion, un bon moment pour le réveillon avec Anne et Xavier sur le rondouillard Mojito au mouillage, quelques cadeaux, une bonne bière locale et quelques gorgées de grog arrangé passion, un appel en visio à la famille perturbé par le sifflement des alizés dans les haubans et par le wifi hasardeux, un bain à 25 degrés dans l’eau turquoise de la Laginha. Noël au soleil, on s’y ferait bien finalement…

– Une nuit de rêve au Terra Lodge en guise de cadeau de Noël
Un cadeau de choix quand on vit à bord : une nuit tout confort dans un hôtel aux préceptes écolo et contemporains, un petit déjeuner de reines, quelques brasses dans l’eau douce (le luxe !!), et la plus belle vue de la ville sur Mindelo et sa baie depuis la terrasse du resto…

Et pour le Nouvel An ? Une petite vidéo vaut mieux que des mots !

• Rivages de São Vicente : Salamansa, Cabo das Gatas, São Pedro

Bien sûr, pendant ce mois d’escale à Mindelo, nous avons aussi le temps d’explorer le reste de São Vicente, dont de nombreux recoins ont été chanté par Cesaria dans l’un ou l’autre de ses morceaux. Terre rouge aride ornée de plusieurs petits monts, la plus grande partie de l’île est desservie par des pistes plus ou moins carrossables. On n’y trouve qu’une seule véritable route goudronnée, qui relie Mindelo à des villages du nord est.

Pour se déplacer depuis Mindelo, rien de plus facile : il suffit de se rendre sur la place de l’Europe, point de réunion et de départ de tous les aluguers, et d’annoncer sa destination à l’un des conducteurs, pour se faire guider jusqu’au bon véhicule.

Nous déambulons sur la bien nommée « praia grande » où nous trouvons des restes de coquilles d’œufs de tortues, entourés des traces de minuscules nageoires s’efforçant de rejoindre les flots… ainsi que dans la magnifique baie de Salamansa, qui avait tellement charmé les copains Amélie et Guillaume lors de leur 1er tour de l’Atlantique 7 ans auparavant qu’ils ont choisi de donner son nom à leur nouveau voilier. Puis nous visitons les villages de pêcheur de Calhau, ou de Baia das Gatas qui accueille chaque année un grand festival de musique à la renommée internationale, mais est pour l’instant particulièrement désert !

Pour sortir des sentiers battus à la recherche de vagues secrètes, nous louons un Suzuki Jimny, mini 4 x 4 juste assez grand pour y fourrer les planches de surf. Et c’est parti pour un parcours bien remuant sur les pistes pleines de trous, de bosses et de cailloux au sud-est de l’île, qui nous mènera en vue de beaux rouleaux réguliers et déserts, où Marion, à son grand dam, ne pourra pas s’aventurer seule sans avoir de connaissances sur les courants et les fonds du spot…

– Langouste et tortues à São Pedro pour les 30 ans de Marion

Manon est un peu patraque pour les tous premiers jours de 2023, à cause d’une mystérieuse infection sans symptômes autres qu’une grande fatigue, des maux de tête et quelques douleurs à l’oreille, une nausée permanente et un malaise global qui l’oblige à passer le plus clair de ses journées en position semi-allongée : cela s’arrangera peu à peu avec la prise d’antibiotiques sur les conseils de Dr. Nanou, mais la privera d’une bonne partie de ses capacités pendant 10 jours et nous empêchera de faire la sortie plongée que nous avions prévue dans les eaux cap-verdiennes…

Nous fêtons tout de même comme il se doit le passage de Capt’aine Marion dans la trentaine : petit-déjeuner cap-verdien de compet’ au Cafe Verde (notre QG du matin à Mindelo !), puis ride en aluguer jusqu’au village de São Pedro dans l’espoir d’une session de planche à voile… malheureusement le vent n’est pas au rendez-vous pour une fois, alors Marion saute à l’eau pour aller saluer les tortues et les raies énormes et peu farouches qui font l’attraction de cette plage. Certes, les barques de pêcheurs qui emmènent les touristes à quelques encablures du bord, puis les équipent de gilets de sauvetage, masques et tubas ont la fâcheuse habitude de nourrir les tortues pour les attirer afin que les gens nagent avec elles au plus près… Mais quand on songe que, une vingtaine d’années auparavant, ils les pêchaient encore pour en faire de la soupe très appréciée, et que le changement de la législation et des mœurs a permis à la population de tortues de l’archipel de se régénérer notablement, on se dit que la situation est tout de même préférable ainsi.

Et pendant ce temps, Manon assiste sur la plage à une partie de pêche à la senne à laquelle une bonne partie des habitants du village vient prêter main forte pour remonter l’énorme filet plein de poissons frétillants.

Pour un déjeuner digne d’un 30e anniversaire, nous nous attablons dans un petit restaurant de plage conseillé par des amis, et nous régalons de jus frais et d’une délicieuse langouste-cigale accompagnée de légumes grillés : la première du voyage pour nous !

Nous reviendrons plusieurs fois à São Pedro, que ce soit pour rendre visite aux tortues et aux raies, ou pour randonner sur les falaises escarpées jusqu’au phare de Dona Amelia qui, perché sur la pointe sud-ouest de l’île, nous montre le chemin de l’eau ouverte à perte de vue, jusqu’à l’autre côté de l’océan…

• Voir Santo Antão et ne pas en revenir tout à fait…

Quand on séjourne à Mindelo, il est fortement conseillé de consacrer quelques jours à l’île voisine, Santo Antão. Celle-ci ne possède pas de véritable abri pour les voiliers : son seul mouillage est peu sûr et ne permet pas de s’absenter l’esprit tranquille pour aller explorer cette île aux mille merveilles. Alors il est d’usage parmi les navigateurs de profiter de la sécurité d’une marina pour laisser son précieux voilier-maison et se rendre en ferry de l’autre côté du canal.

Alors, le 19 décembre, nous laissons Kannjawou bien amarré, sous la surveillance des batocopains de Mojito, et embarquons pour 3 jours d’escapade. Au programme : rando, montagne, 2 nuits dans un vrai lit, et surtout VERDURE qui nous manque tant !

Santo Antão est la plus deuxième plus grande île du Cap-Vert et la plus grande des îles Barlavento (les îles « au vent »), celles du nord de l’archipel. Très montagneuse, son sommet culmine à près de 2 000 m : elle est donc particulièrement escarpée et, comme les îles de l’ouest des Canaries, la fraîcheur des alizés sur ses versants élevés lui permet de bénéficier d’une certaine humidité. Cela en fait une des rares îles de cet archipel extrêmement aride (où il peut parfois se passer plusieurs années sans pluie) à présenter des paysages très verdoyants sur toute sa partie intérieure et sa côte nord.

Souvent désignée comme étant le grenier du Cap-Vert, il s’agit donc d’une terre fertile où l’agriculture est omniprésente : grâce à un système de terrasses vertigineuses sur ses versants abrupts, le moindre petit espace arable est planté de légumes et céréales en tous genres (haricots, maïs, patates, oignons, courges…), mais aussi de canne à sucre. Santo Antão est en effet la première productrice de grog du Cap-Vert, et la légende dit qu’on n’y trouve pas moins de 300 alambics, officiels ou officieux… Le grog frelaté, qui fait office de salaire pour les ouvriers agricoles de planteurs peu scrupuleux, est d’ailleurs un vrai fléau sur l’île… Il n’est donc pas rare que nous apercevions des locaux à des endroits improbables dans des pentes vertigineuses, pliés en deux pour travailler la terre en toute décontraction. D’autres fois, nous en croisons sur les chemins où nous randonnons : ils nous doublent en tongs, prennent un raccourci et nous les retrouvons 200 m plus bas à récolter des patates !

Bon, sur cette île encore préservée malgré une augmentation du tourisme de randonneurs d’année en année, on doit vous avouer qu’on croise surtout des ânes, mules et biquettes habitués des sentiers abrupts, pour notre plus grand bonheur bien sûr. Ils sont encore souvent le seul moyen de transport de marchandises capable de rallier certaines habitations isolées de l’île, comme le spectaculaire village côtier de Fontainhas, si perché entre deux caldeiras escarpées du bord de mer qu’aucune route ne le rejoint encore.

– Randonnée jour 1 : L’impressionnante vallée de Paul et le cratère de la cova

Une nuit en altitude à 1 500 m dans la guesthouse parfaite de Alain et Lucia, où nous ferons de belles rencontres (coucou Charlotte et Julien !) et dégusterons de délicieux fromages de chèvre et grog arrangés aux fruits locaux

– Randonnées jour 2 : Ponta do Sol : ville de pêche, sentier côtier vertigineux sur eaux turquoise et village perché de Fontainhas

– Jour 3 : L’inoubliable vallée de XoXo et le village de Paul

Petit tour dans une distillerie de grog à l'arrêt en attendant la période de récolte de la canne
Un café d'artiste au top à Paul

Nous repartons enchantées par notre court séjour à Santo Antão, la plus belle île que nous ayons parcourue au Cap-Vert : ses paysages escarpés à la fois dramatiques et empreints d’une quiétude religieuse, ses habitants chaleureux, sa vie paisible hors du monde, ses airs de paradis d’abondance dans un pays si sec, nous les gardons en nous et nous ajoutons l’île en tête de la liste de ces endroits que nous voulons revenir explorer en profondeur, avec le sac au dos et plusieurs semaines devant nous.

• Escale au bout du plongeoir : l’effervescence et les préparatifs pré-transat à la marina Mindelo

– Sur les pontons, une ambiance unique, entre fébrilité et enthousiasme

Sur la terrasse du mythique « floating bar », sur les pontons très remuants et ventés, sur l’esplanade menant à la marina, dans les rangées du marché africain, dans les restos et jusque dans les douches du port, on trouve des plaisanciers partout en cette fin d’année, et partout flotte dans l’air une excitation un peu anxieuse. Ça bricole dans tous les coins, ça récupère des équipiers, ça s’échange les meilleurs plans pour l’avitaillement ou les achats d’accastillage de dernière minute, ça transporte sur les pontons dans des caddies de course des dizaines de bidons de 5L d’eau, ça vérifie la météo avec attention, ça passe un dernier coup de fil qui dit : « Je te rappelle de l’autre côté ! »… Tous les jours, au gré des fenêtres météo, résonnent régulièrement les coups de corne de brume pour saluer et encourager ceux qui laissent la terre et s’engagent dans la grande aventure. Bref, ça part en transat’ en escadrille : tout le monde ici s’apprête à s’élancer pour traverser l’océan et cela crée une atmosphère bien particulière !

– Rencontres et retrouvailles avec les batocopains : un hub des voyageurs sur l’Atlantique
Dans cette ambiance de rendez-vous de navigateurs, nous accueillons avec plaisir à leur arrivée la petite famille de Malorine, rencontrée à El Hierro et fraîchement revenue du Sénégal. Nous passerons encore des moments mémorables ensemble, que ce soit autour d’une généreuse brioche des rois cap-verdienne, d’un apéro pré-Nouvel An ou à l’occasion d’une nouvelle soirée Zik en souvenir de nos premières aventures ensemble.

Nous retrouvons aussi l’équipage de Mojito, rencontrés à La Palma, avec qui nous passerons notamment le réveillon de Noël… rejoints tardivement par Manu et Carine du voilier Créa, que nous rencontrons à cette occasion, et qui nous apprendrons le fameux « jeu de la banquise », qui rendra bientôt fous bon nombre de nos amis !

Nous rencontrons en effet une floppée d’équipages dont nous souhaitons et nous sentons que nous les reverrons… Le beau Sabali et ses propriétaire Marlëne et Yegor seront nos voisins de ponton peu de temps avant la transat’ et nous aurons le plaisir de leur larguer les amarres pour leur propre départ. Nous avions aussi largué les amarres 3 semaines plus tôt à Benoît et Matthias du voilier Anche Piu, qui nous avaient partagé tous leurs conseils sur les meilleures soirées musicales de Mindelo.

Et nous faisons enfin la connaissance en chair et en os de Charlotte et Taïna qui naviguent toutes les deux sur le beau Jo’ (@Into the Wakes sur les réseaux sociaux) : quel bonheur de partager un moment avec un équipage jeune et féminin (ouiiiiii) avec qui nous partageons beaucoup de “valeurs”.

– Les derniers préparatifs

Au milieu de toute cette effervescence, impossible d’oublier que nous sommes bien arrivées nous aussi au bout du plongeoir avant le grand saut ! Dès notre arrivée, nous mettons à exécution tout un plan de derniers préparatifs, qui vient parachever des années de travaux, de réparations et d’optimisations longuement réfléchies pour ce but ultime : traverser un océan en autonomie, en toute sécurité et avec le plus de confort possible pour assurer le bon moral de l’équipage.
Les derniers bricolages (ajout d’un petit verrou au placard de la cabine avant qui avait tendance à s’ouvrir dans la houle sous le poids des boîtes à outil, réparation de l’annexe, sécurisation de tout un tas de petites bricoles…), un gros ménage de tout l’extérieur envahi dans les moins recoins par la poussière rouge et tenace du Cap-Vert, la vérification du gréement, de tout l’accastillage et du matériel de sécurité (test des balises de survie par exemple), le rangement méthodique et l’organisation (casse-tête) du bord pour accueillir 3 personnes en configuration de navigation longue durée mais aussi pour ranger tout l’avitaillement en nourriture et eau pour au moins 1 mois, la préparation des divertissements de la traversée (téléchargement de musiques, de podcasts et de vidéos)… Nous sommes donc bien occupées, autant mentalement que physiquement !

Test du nouveau set-up pour le stockage des bouteilles d'eau potable pendant la traversée : on peut même y ranger la cap'taine !

Et le 5 janvier, c’est l’heure d’aller chercher « les z’équipiers » – comme on dit dans le milieu des transateux – à l’aéroport : Violine et Benoît ont fait connaissance dans l’avion et ça a déjà l’air de bien coller entre eux ! Sitôt arrivés, après un petit tour en aluguer pour se mettre dans le bain cap-verdien, nous entrons vite dans le vif du sujet pour continuer ensemble la suite et fin des préparatifs. On commence par un tour complet détaillé du bateau et un brief sécurité pour se mettre dans l’ambiance. Ils nous ramènent un peu de matériel pour quelques bricolages de fignolage que nous ferons ensemble, mais aussi quelques douceurs et un sextant d’entraînement bien emballé dans les chaussettes de Benoît. Nous en profitons pour faire quelques premiers essais de relèvement sur la côte citadine en vue depuis le pont de Kannjawou, Benoît nous explique comment noter le relèvement et faire les calculs… ça promet pour le relèvement en pleine mer !

Rassurez-vous, nous avons prévu quelques divertissements pour faire un peu goûter le Cap-Vert à Violine et Benoît : nage avec les tortues à São Pedro, soirée au Terra Lodge, musique dans divers restaurants, premier bain de l’année à la Laginha… 

Mais bien sûr nous n’attendons pas pour les mettre au travail ! Nous chaussons palmes, masques, tubas et raclette pour aller nettoyer la coque à 4 avant le départ, puis effectuons en vrac : les dernières démarches administratives de sécurité, la souscription de l’abonnement Iridium, le remplissage des bouteilles de gaz à un prix défiant toute concurrence (4€ la recharge de nos camping-gaz de 3 kg !!), de grooooosses courses en sec puis en frais au marché puis en eau potable, une énorme lessive, une bonne session de « boatch cooking » pour les 1ers jours de traversée (la version « bateau » du batch-cooking)… C’est très intense, et on finit par avoir hâte que ça se finisse : il est temps de partir non ?

Avitaillement en sec

Car oui, une petite fenêtre météo semble se dessiner pour un départ le 10 janvier… Alors dans la course des préparatifs, on prend le temps de dire au revoir à Mindelo pour une dernière soirée musicale et gourmande dans le superbe jardin du Metalo. Un petit sticker pour laisser notre trace au floating bar, un dernier tour au marché aux poissons pour y capturer quelques images, un dernier au-revoir aux copains de Malorine, un dernier plein d’eau pour finir la recharge sur la carte (oui, l’eau douce est décomptée et payée à la consommation, dans cette marina des terres arides) et ça y est, c’est le moment pour Manon de dire au-revoir et de larguer les amarres à ce fier équipage… L’émotion est palpable… Mais ça, on vous le racontera dans le prochain article !

Le moment est donc venu de dire aurevoir à cet archipel si attachant et si unique, malgré ce goût d’inachevé sur nos lèvres : Petit Pays on t’aime beaucoup, merci pour tout et, promis, un jour nous reviendrons…

Gâtés pour notre dernier coucher de soleil à la marina Mindelo

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